Les peintres

LAWAND

   "Lawand peint l'humain. Ses figures, prises dans leur présent de rupture, dans l'abrupt de l'Histoire, dans leur manière d'habiter le monde et la vie, marchent, sont érigées sans pieds, hagardes, ou se recroquevillent, couchées, jetées sur un sol inapparent, mutilées. Leur tête est sans visage, ou c'est la face de l'impersonnel, qui grimace, qui crie. Nues ou vêtues de haillons, elles ont tout perdu. Femmes, il ne leur reste que ce petit corps inerte, un enfant contre leur poitrine. Des effigies à peine dégagées de fonds indistincts, griffés, barbouillés, dont les couleurs, pâles ou violentes, signent l'intensité de l'abandon, de la douleur. Portraits hallucinés aux yeux de sang, marcheurs, êtres transparents, momies, ces figurants, s'ils n'ont pas la parole, disent les multiples visages de la vie : la maternité, la guerre, le couple, la solitude, la peur, la mort, le rêve.

     Lawand est un Kurde né en Syrie, sur qui l'Histoire immédiate ne peut qu'avec violence retentir.

   Dans son travail pour mon recueil là qui reste, où (je cite le commentaire d'Emmanuel Laugier dans Le Matricule des anges) la voix, "cassée, équarrie" sous la "hache des mots" voudrait faire affleurer dans la parole l'indicible des exterminations, des génocides, le peintre a imaginé des dessins où la ligne ne cerne, ne suggère que visage sans traits, que corps incomplet de figures liées à l'Horreur, à la compassion."

Jean-Claude Schneider

Peintures et dessins de Lawand  [cliquer sur les images pour les agrandir] :  

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